Hillary personnage adoré et détesté

Hillary Clinton, première femme à représenter un grand parti américain à l’élection présidentielle, ne laisse personne indifférent, y compris au sein de la gauche américaine.

Trois militantes démocrates décrivent leurs perceptions de la femme politique la plus célèbre des États-Unis.

Dyana Forester, 36 ans, était dans le camp de Barack Obama aux primaires de 2008, et il lui a fallu du temps pour rejoindre celui d’Hillary Clinton.

Mais cette année, elle s’est faite élire déléguée de Washington pour représenter la démocrate à la convention d’investiture de Philadelphie, rejetant l’approche idéaliste de Bernie Sanders.

«Elle est intelligente, elle voit toujours les deux côtés d’un problème et cherche à trouver un équilibre», dit-elle dans une rue de cette grande ville de la côte atlantique.

Les compromissions idéologiques dénoncées par les détracteurs d’Hillary Clinton sont pour Dyana, au contraire, la preuve du pragmatisme de la candidate à la Maison-Blanche, une qualité essentielle dans le climat hyper-partisan actuel.

«Bernie a de bonnes valeurs, mais que réussirait-il à accomplir face aux républicains’ On a besoin d’une présidente qui peut faire bouger les choses et trouver des compromis», insiste Dyana.

Cette militante syndicaliste noire fait valoir l’expérience de sénatrice et de chef de la diplomatie d’Hillary Clinton, et remonte à ses années de première dame, de 1993 à 2001.

«Elle était la force derrière Bill Clinton. Je pense qu’elle sera une meilleure présidente que lui», conclut même la jeune femme.

La gauche de la gauche lit le même CV et aboutit à la conclusion inverse.

Pour Paula Iasella, 61 ans, la longévité politique d’Hillary Clinton est un indice de son dévoiement. Cette demi-retraitée, qui vend des manteaux pour chiens sur internet, est une jusqu’au-boutiste de Bernie Sanders.

« Ils préparent Hillary depuis des années », dit-elle en référence aux ténors du parti et en tenant une bannière faite maison à l’effigie de «Bernie».

Hillary Clinton n’a-t-elle aucune qualité à ses yeux « Vraiment pas. Je sais qu’elle est censée avoir fait des choses bien pour les droits des femmes, mais en même temps elle a accepté de l’argent de tous ces pays du Moyen-Orient qui ne respectent pas les droits des femmes », assène Paula en référence à des dons de pays à la fondation caritative Clinton.

Alors qu’Hillary Clinton est favorable à l’augmentation du salaire minimum national, elle la soupçonne de ne le vouloir que de façon très incrémentale, d’ici 2025 au lieu de 2017…

Comme beaucoup d’irréductibles de Sanders, Paula se moque des conséquences, si Donald Trump finit par être élu en novembre. « Parfois, il faut jeter le bébé avec l’eau du bain pour repartir à zéro », avance-t-elle à propos du parti démocrate.

«Toutes mes excuses à la communauté internationale», dit-elle.

Hillary Clinton peut s’appuyer, depuis des décennies, sur une base d’admirateurs et d’admiratrices inconditionnels, comme Patricia Acosta, déléguée de Californie rencontrée en bas de son hôtel Marriott à Philadelphie.

Elle se souvient immédiatement d’avoir vu Hillary Clinton lorsqu’elle faisait campagne à Los Angeles pour son mari en 1992. «J’ai tout de suite compris qu’elle serait une leader et qu’elle était capable de devenir présidente des États-Unis», raconte Patricia, 50 ans.

«Elle avait déjà la réputation d’être très intelligente, très déterminée» se souvient-elle.

Sur le fond, elle se rappelle son engagement dans le domaine de l’éducation, lorsqu’elle était première dame de l’Arkansas dans les années 1980, quand Bill était gouverneur de l’État.

L’Hillary Clinton de 2016 est selon cette fan une version raffinée de celle de 1992, car elle a tiré des leçons des multiples épreuves de sa carrière publique, que ce soit les désastres des années Maison Blanche (affaires Whitewater et Lewinsky, échec de la réforme du système de santé…) ou son expérience d’élue du Congrès qui lui a permis de travailler avec des élus de l’autre bord.

«Elle est devenue une vraie professionnelle de notre système de gouvernement», juge Patricia. Et c’est un compliment

Étiquettes : adoré, détesté, Hillary, personnage