Le nombre de graffitis explose au centre-ville

La Ville de Québec est en train de perdre sa bataille contre les graffitis: leur nombre a quadruplé depuis 2012 sur les murs du centre-ville.

«Il y a des citoyens qui nous appellent et qui sont au bord des larmes. C’est très émotif. C’est frustrant pour un propriétaire de se faire vandaliser à répétition», explique Mériem Belaïchouche, coordonnatrice du chantier urbain Graff’Cité.

L’organisme chapeauté par le Carrefour Jeunesse emploi de la Capitale-Nationale est mandaté par la Ville de Québec pour recenser et nettoyer les graffitis et les tags sur les propriétés privées et commerces de l’arrondissement La Cité’Limoilou.

Depuis cinq ans, leur nombre a littéralement explosé. En 2012, Graff’Cité en a repéré 1792 et près de 60 % avaient été nettoyés. L’an dernier, ce nombre a bondi à 7656 et seulement 20 % ont pu être effacés.

Ce phénomène est forcément plus étendu encore parce que ces chiffres ne comptabilisent pas les dommages aux bâtiments institutionnels. Cette année, on a mis les bouchées doubles. Deux camions de Graff’Cité sillonneront les rues de l’arrondissement plutôt qu’un seul.

Et l’organisme a mis à la disposition des propriétaires des quartiers les plus touchés, Saint-Sauveur, Saint-Roch et Saint-Jean-Baptiste, 75 trousses de nettoyage gratuites. L’objectif est de faire disparaître 1800 graffitis cet été, une cible haussée par rapport aux 1000 visés l’an dernier.

Malgré tout, on n’arrive pas à prendre le dessus. Le quartier Saint-Jean-Baptiste est particulièrement visé, constate le technicien de Graff’Cité Louis-Philippe Tétreault. Et les graffitis sont de plus en plus gros.

La Ville fait appel aux services de Graff’Cité depuis 13 ans. En 2016, la subvention versée à l’organisme s’élève à 195 000 $, sensiblement le même montant que lors des trois années précédentes. Pour les citoyens et les commerçants, le service est gratuit.

Les graffitis sortent aussi du centre-ville. Mais la Ville de Québec ne détient pas de statistiques claires sur leur nombre ni sur les plaintes faites à ce sujet dans les autres arrondissements, indique le porte-parole David O’Brien.

Les propriétaires qui subissent du vandalisme dans les cinq autres arrondissements doivent faire nettoyer à leurs frais. Nettoyer un mur vandalisé peut coûter entre 500 et 600 $.

«Graff’Cité, ça change des vies.» Michaël, Virginie et 10 autres jeunes nettoient le centre-ville de ses graffitis pour se forger un meilleur avenir.

Ils sont 12 jeunes qui viennent de différents milieux et qui ne l’ont pas eu facile. Choisis pour participer au chantier urbain de réinsertion sociale Graff’Cité, ils reçoivent un salaire pendant 26 semaines pour travailler à l’organisation de la vaste opération de nettoyage.

Ils font tout, du repérage au nettoyage en passant par la gestion de l’itinéraire et le service à la clientèle. Le tout sous la surveillance des intervenants du Centre jeunesse de la Capitale-Nationale, qui reçoit des subventions de la Ville et d’Emploi Québec.

Une journée par semaine, ils reçoivent aussi de la formation pour améliorer des aspects de leur vie qui laissent à désirer. Pour régler des problèmes de consommation ou de santé mentale, pour faire un budget ou pour travailler sur une relation conjugale chancelante.

Au bout de l’expérience, ils ont accumulé des outils et des expériences qui garnissent leur CV

«Depuis 13 ans, notre taux de succès est de 75 %, car les trois quarts des jeunes se dirigent vers un emploi ou intègrent un programme d’études.»

Pour Virginie, déjà après quelques mois, les résultats se font sentir. «Je suis contente de l’avoir fait. J’ai beaucoup avancé depuis. Je vois des améliorations.» Elle ambitionne maintenant de se diriger vers un cours en ébénisterie.

Son collègue Michaël s’est découvert des aptitudes pour le travail manuel. Il aime uvrer à rendre la ville plus propre. «Ça me motive.»

Armés de leurs vaporisateurs de solvant industriel, de leur brosse et de leur pulvérisateur à très haute pression, ils travaillent sept heures par jour. «Une bonne journée, c’est 40 graffitis nettoyés», indique Louis-Philippe Tétreau, le technicien qui les accompagne.

Fiers du travail accompli

«L’objectif est de les mettre en action», explique Mériem Belaïchouche, coordonnatrice du chantier Graff’Cité.

«Ça change des vies. Les jeunes sont fiers du travail accompli. Ils voient les effets de leurs efforts, c’est valorisant. C’est le coup de pouce qui leur manquait pour déployer leurs ailes.»

Les jeunes apprécient particulièrement les marques de reconnaissance qu’ils reçoivent pour leur travail. «Certains nous offrent des dons, des cartes ou même des popsicles quand il fait chaud», raconte Mériem Belaïchouche.

«C’est gagnant sur toute la ligne. Les citoyens en bénéficient et les jeunes aussi.»

Graffitis dans l’arrondissement La Cité’Limoilou

 75 trousses de nettoyage gratuites: moyennant un dépôt remboursable de 20 $. Disponibles chez Rona (rue d’Aiguillon), Intermarché (rue Saint-Joseph) et bijouterie Serge Gagnon (rue Saint-Vallier)

Étiquettes : explose, graffitis, majeure, médicale, nombre, percée