Natation et hydravion à Pointe-aux-Trembles

Photo Ben Pelosse

Aujourd’hui

À la nage au Usher’s Green Stripe

Photo courtoisie de l’Atelier d’histoire de Pointe-aux-Trembles, Photographie de la Compagnie Aérienne Franco-canadienne, BAnQ E21,S110,SS1,SSS1,PZ01

Le 8 septembre 1929, à Pointe-aux-Trembles, près de 10 000 personnes assistent à une compétition de natation qui s’annonce remarquable. Au coup de feu tiré par le maire Camilien Houde, les courageux nageurs s’élancent dans les eaux froides du fleuve. De la berge, ils doivent rejoindre l’île Sainte-Thérèse et ensuite revenir, suivant un parcours triangulaire de neuf milles balisé par des bouées. Avec un temps de 2 h 37 min 42 s, Clarence Ross (Brooklyn, N.Y.) gagne ce marathon aquatique, remportant un chèque de 500 $. Du côté des femmes, Evelyn Armstrong, mère de deux enfants, originaire de Détroit, arrive en sixième place, gagnant 250 $. Commanditées par les distilleurs montréalais Allan et Samuel Bronfman, les compétitions du Usher’s Green Stripe engendraient des événements à grand déploiement. L’année suivante, les températures froides empêchèrent une seconde édition de l’épreuve de natation. Qu’à cela ne tienne, un marathon de raquettes fut organi­sé au parc Lafontaine quelques mois plus tard!

Le hangar prototype d’Ernest Cormier

Photo courtoisie de l’Atelier d’histoire de Pointe-aux-Trembles, Photographie de la Compagnie Aérienne Franco-canadienne, BAnQ E21,S110,SS1,SSS1,PZ01

Derrière la foule s’élève le hangar désormais disparu de l’éminent architecte Ernest Cormier. Édifiée à l’angle de la rue Notre-Dame et de la 43e Rue en 1928, l’étonnante structure voûtée en béton était alors unique en Amérique du Nord. Abritant les hydravions de la Compagnie aérienne franco-canadienne (CAFC), ce hangar fut la seule création de Cormier, épousant une architecture strictement fonctionnaliste. Ce premier prototype en béton armé inspirera par la suite la conception des aérogares et de multiples édifices commerciaux et industriels partout en Amérique. Le hangar de la CAFC a d’ailleurs eu d’autres usages au cours du 20e siècle. Acquis par la compagnie Schokbéton, de Saint-Eustache, le hangar a servi, dans les années 1970, au montage et à l’entreposage de pièces pour la construction du Stade olympique. Par la suite, nul n’a semblé réaliser l’importance de ce hangar, témoin unique des débuts de l’architecture fonctionnaliste et de l’aviation au Québec. Il a été démoli en 1987.

Un hydravion franco-canadien

Photo courtoisie de l’Atelier d’histoire de Pointe-aux-Trembles, Photographie de la Compagnie Aérienne Franco-Canadienne, banq E21,S110,SS1,SSS1,PS28.

Sous la voûte, cet hydravion de la CAFC est entreposé à l’abri des intempéries. Propulsé par une hélice située sous l’aile, ce modèle était surtout utilisé pour la photographie aérienne. Le pilote de la Compagnie n’était nul autre que le Français Jacques de Lesseps, l’un des premiers aviateurs à avoir survolé Montréal en 1910. Héros de guer­re, Lesseps est revenu au pays en 1926 en tant chef pilote de la CAF. Alors qu’il photographiait la Gaspésie du haut des airs pour le gouvernement provincial, l’aviateur s’est retrouvé au centre d’une vive controverse. S’ingérant en matière d’aéronautique, le gouvernement fédéral s’est opposé à ce qu’une compagnie étran­gère photographie le territoire cana­dien. Bien que la CAF ait créé une filiale canadienne (la CAFC), Ottawa a refusé de délivrer les permis de pilotage. Sommé de comparaître à Val-Brillant, Lesseps a décollé de Gaspé par un temps incertain. La brume l’empêchant d’amerrir, il s’est abîmé en mer le 18 octobre 1927. La CAFC a survécu quelques années à la mort tragique de Lesseps en proposant des vols récréatifs à bord de ses hydravions, une expérience vertigineuse qui exigait d’avoir le c’ur bien accroché.

Étiquettes : , hydravion, iranien, Natation, paralympiques, Pointe-aux-Trembles